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Corpus "Universe-GS"

Author: J.L. Puget
Title: L'enfance de l'Univers dévoilée
Publisher: Le Monde (22.03.1982)
Pages: 2-3

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A cette époque, l'Univers ne ressemble à rien de ce qu'il est aujourd'hui.
A cette moisson déjà bien fournie, il faut ajouter quelques surprises.
Avec à la clé quelques surprises.
Ce faisant, les petites imperfections initiales, les moindres fluctuations primordiales se retrouvent propulsées et imprimées dans l'image du fond diffus, formant les vaguelettes repérées par les instruments.
Cela promet quelques discussions agitées.
Ces petites vagues deviendront grandes et donneront naissance aux étoiles, galaxies, amas de galaxies ...
Cet Univers est également plat comme une gigantesque crêpe, alors que les estimations précédentes laissaient entrevoir la possibilité d'une légère courbure.
Cette dernière, en déchirant l'espace avec une telle violence, a créé des ondes de matière qui s'impriment aussi dans le fond diffus.
Cette phase, aux détails encore flous, correspond à une formidable dilatation de l'espace.
Ceux-ci sautent d'électron en électron sans pouvoir s'extraire de la mélasse bouillonnante.
C'est donc aussi une partie invisible de l'histoire que révèle ce cliché.
C'est finalement comme s'approcher d'une boîte de nuit bien insonorisée et ouvrir la porte : soudain un bruit assourdit les tympans.
Dans le cas de Planck, en guise d'ondes sonores, les chercheurs ont affaire à du rayonnement micro-onde (à des fréquences 15 à 500 fois plus élevées que celles des téléphones mobiles en 3 G), qu'ils convertissent en température.
De quoi non seulement mieux décrire l'histoire qui conduit de l'enfance à l'adulte qu'il est devenu aujourd'hui.
Des analyses subtiles ont tenu compte des déviations imposées par des structures gigantesques comme les amas de galaxies sur la trajectoire du rayonnement durant ces milliards d'années.
Deuxième surprise, "le modèle standard simple qui décrit l'Univers et son évolution reproduit bien tout ce qu'on observe", ajoute François Bouchet.
D'où l'aspect granuleux du cliché, équivalent aux vagues à la surface d'un océan.
D'où son nom de fond diffus cosmique ou rayonnement fossile.
Elle est même totalement opaque, car nul grain de lumière ou photon ne peut en sortir.
Elle montre l'Univers le plus jeune qu'il soit possible d'observer, tel qu'il était à ses tout débuts, 380000 ans seulement après sa création - elle dévoile un rayonnement qui a voyagé jusqu'à nous depuis la nuit des temps.
En outre, ce "bruit" ne varie pratiquement pas : quel que soit l'endroit vers lequel pointent les détecteurs, la même température est mesurée, équivalente à quelque 270 ° C.
En outre, cerise sur le gâteau, les chercheurs ont découvert quels objets massifs les photons fossiles ont rencontrés sur leur trajet jusqu'à nous.
En particulier, ces analyses valident l'hypothèse qu'un phénomène incroyablement spectaculaire a bien eu lieu juste après le Big Bang et bien avant 380000 ans : l'inflation.
En réalité, des murmures sont audibles, un million de fois plus faibles que le bruit dominant.
Enfin, les chercheurs confirment qu'il existe bien une anomalie non encore expliquée par le modèle standard, ni même par aucun autre actuellement.
Et de ces variations de densité de matière naîtront les grains de poussière, les étoiles.
Il faut cependant avoir l'oeil du spécialiste pour reconnaître un Univers en formation sur l'image prise par la collaboration de Planck, forte de plus de deux cents personnes.
Il fournit aussi les données pour que d'autres s'en emparent et les confrontent à d'autres théories ou aux autres expériences.
La lumière jaillit.
La matière est chaude, à environ 3000 ° C et elle n'est faite que de particules microscopiques, des électrons et des protons qui, des millions d'années plus tard, s'assembleront en atomes lourds et molécules ...
La première : les résultats sont légèrement différents de ceux obtenus par le satellite précédent de la NASA, WMAP (Wilkinson Microwave Anisotropy Probe).
La qualité de l'image de ce bébé-Univers prise par le satellite Planck est dix fois plus grande que le dernier cliché disponible pris par la NASA en 2003.
Le bébé Univers n'a pas fini de crier.
Le verdict décrit finalement la recette de la soupe cosmique.
Les chercheurs estiment aussi la vitesse avec laquelle les galaxies s'éloignent les unes des autres à quelque 66 kilomètres par seconde.
Les instruments du satellite Planck envoyé en 2009 à quelque 1,5 million de kilomètres de la Terre n'ont plus qu'à l'enregistrer.
Les mots en fait ne suffisent pas à décrire l'événement, car l'expansion correspond en réalité à une multiplication des distances par 10 puissance 25, un "un" suivi de 25 zéros...
L'équipe n'a pas non plus achevé l'analyse de ses propres données.
L'histoire est donc loin d'être terminée.
L'Univers est composé de 4,8 % de la matière ordinaire que sont nos atomes, de 25,8 % de matière dite noire, invisible aux téléscopes (et de nature encore inconnue) et de 69,4 % d'énergie noire, qui le pousse à grossir.
Mais aussi de quoi plonger pour la première fois de l'autre côté du miroir et saisir à quoi a ressemblé le Big Bang, moment-clé de nos origines.
Mais ces électrons jouent aussi avec les protons et finissent par se regrouper entre eux, privant les photons de leurs partenaires.
Mais tout est dans le "pratiquement".
Nulle étoile, nulle galaxie, pas le moindre caillou.
Outre la température, elle a en effet aussi enregistré une propriété du rayonnement, appelée polarisation, qui pourrait encore améliorer nos connaissances sur l'inflation.
Par définition, ces perturbations sont de nature quantique, l'adjectif idoine pour décrire l'infiniment petit.
Personne n'a encore vu ces ondes dites gravitationnelles, mais la collaboration Planck dans un an espère soit les voir pour la première fois , soit mieux les cerner.
Planck ne se contente pas de rendre publics 29 articles d'analyses accompagnés de ces fameuses photos.
Quelques milliardièmes de milliardièmes de milliardièmes de seconde après le Big Bang (le chiffre précis n'est pas encore connu!), l'Univers passe d'une tête d'épingle à sa taille presque actuelle.
Reste à déduire de ce vacarme combien il y a de personnes, combien d'hommes et de femmes, ou l'heure qu'il est ...
Si bien que nous sommes finalement aussi les enfants de fluctuations quantiques.
Si une image vaut mille mots, celle rendue publique jeudi 21 mars par une équipe européenne d'astrophysiciens en vaut encore dix fois plus.
Sous l'égide de l'Agence spatiale européenne, ces chercheurs viennent en effet de prendre une photo qui nous ramène 13,8 milliards d'années en arrière.
"Cette grosse dose d'information va occuper la communauté pendant au moins dix ans", anticipe Jean-Philippe Uzan de l'Institut d'astrophysique de Paris et qui n'a pas participé à la réunion.
"C'est comme si les amplitudes des vagues de notre image situées très loin l'une de l'autre étaient plus faibles qu'attendu", estime Jean-Loup Puget.
"Dans les semaines à venir, des dizaines d'articles fleuriront pour tenter d'expliquer le phénomène", prévoit Alain Riazuelo.
"Le taux d'expansion de l'Univers que nous trouvons est plus faible et nous avons quelques pourcents de plus de matière noire et ordinaire, mais nous trouvons finalement le même âge pour l'Univers - 13,8 milliards d'années", constate Jean-Loup Puget.
"Le travail doit se poursuivre mais d'ores et déjà la coïncidence entre notre carte des grandes structures et celles obtenues par d'autres observations est remarquable", constate Alain Riazuelo.
"Les détails du fond diffus permettent même de voir comment cette inflation s'est terminée", rappelle François Bouchet.
"Les quelque 5 millions de pixels de l'image sont finalement transformés en six paramètres qui décrivent l'Univers et son évolution", explique François Bouchet, du CNRS, l'un des responsables de la mission.
"L'inflation, c'est un peu ce qui fait bang dans Big Bang", ironise Benjamin Wandelt, à l'INstitut d'astrophysique de Paris.
"Nous avons aussi éliminé pas mal de modèles sans inflation", confirme Benjamin Wandelt, qui a testé bon nombre d'hypothèses alternatives.
"Planck est capable de repérer des cailloux d'un millimètre au sommet d'une montagne de 1000 mètres de haut", compare Jean-Loup Puget, de l'Institut d'astrophysique spatiale d'Orsay et du CNRS, responsable d'un des instruments de Planck.
"Une collègue, pour illustrer la qualité de ce travail, a réalisé trois photos de son enfant. L'une, très floue, correspondant à la précision de ce temps. L'autre, plus nette, où l'on reconnaît le bébé, avec la précision d'il y a dix ans. Et enfin, la dernière, avec la qualité d'aujourd'hui, sur laquelle on distingue le nom sur le bracelet!", explique Alain Riazuelo de l'Institut d'astrophysique de Paris et du CNRS.

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